Des journalistes du monde entier défendent Assange et la liberté de la presse

São Paulo – Les organes de presse du monde entier ont répudié la signature de l’extradition du journaliste Julian Assange vers les États-Unis. Le fondateur de Wikileaks est un militant de la liberté de la presse et est emprisonné en Angleterre depuis 2019. Avant cela, il a été exilé pendant sept ans à l’ambassade d’Équateur dans le même pays. Le gouvernement américain veut poursuivre Assange pour « espionnage » présumé pour avoir divulgué des documents de l’armée américaine qui indiquaient une série d’irrégularités dans les opérations militaires en Afghanistan et en Irak.

« La décision pourrait créer un dangereux précédent à appliquer à tout journaliste, média ou source, n’importe où dans le monde, qui publie des informations basées sur la fuite d’informations d’intérêt public », déclare la Fédération nationale des journalistes (Fenaj), la fédération brésilienne Press Association (ABI), l’Association brésilienne du journalisme d’investigation (Abraji) et le Forum national pour la démocratisation de la communication (FNDC), dans une note commune.

Intérêt public

Les entités brésiliennes rejoignent la Fédération européenne du journalisme (EFJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ), qui ont également pris la défense d’Assange. « Cette décision, qui fait honte au gouvernement britannique, fera le bonheur des autocrates et des ennemis de la liberté de la presse. Cela peut créer des précédents qui suffiront à inculper des journalistes qui dénoncent des crimes de guerre ou la corruption. C’est un vrai scandale », a déclaré Maja Sever, présidente de la FEJ.

Le président de la FIJ, Dominique Pradalié, a renforcé la déclaration de Maja : « La décision du gouvernement britannique d’autoriser l’extradition d’Assange est vindicative et une véritable bombe contre la liberté de la presse. Assange a simplement exposé des questions d’intérêt public et le fait de ne pas le reconnaître est honteux et crée un terrible précédent pour tous ceux qui se battent quotidiennement pour la vérité. Notre espoir repose désormais sur un recours contre cette décision. Tous les journalistes doivent soutenir Assange, qui a révélé les crimes de guerre militaires américains en Irak et en Afghanistan.

assange français

Alors que les journalistes du monde entier se soulèvent contre l’atteinte à la liberté de la presse, le chef de file de la gauche française, Jean-Luc Mélenchon a également pris position sur l’affaire. La France est en pleine période d’élections législatives et le pays doit choisir son nouveau Premier ministre lundi (20). Mélenchon fait partie des favoris pour prendre le poste. « Si je deviens Premier ministre lundi, M. Julian Assange – qui, je crois, en a fait la demande – sera naturalisé français et nous demanderons qu’il soit transféré en France », a déclaré le socialiste.

Lisez la note des entités brésiliennes dans son intégralité :

Malgré toutes les pressions, le gouvernement britannique a signé, dans la matinée de ce vendredi (17/06), l’ordre d’extradition de Julian Assange vers les États-Unis. La décision a été annoncée par le National Home Office, dirigé par Priti Patel, au motif que les tribunaux britanniques ne comprenaient pas que l’extradition serait injuste ou incompatible avec les droits de l’homme.

La Fédération nationale des journalistes (FENAJ), l’Association brésilienne de la presse (ABI), l’Association brésilienne du journalisme d’investigation (Abraji) et le Forum national pour la démocratisation de la communication (FNDC) rejoignent les Journalistes européens (EFJ) et internationaux (FIJ) et qualifient cette décision de coup dur porté à la liberté de la presse.

Pour les entités, la décision pourrait créer un précédent dangereux à appliquer à tout journaliste, média ou source, partout dans le monde, qui publie des informations basées sur la fuite d’informations d’intérêt public.

Les États-Unis veulent poursuivre le journaliste pour avoir divulgué des documents obtenus de l’ancien officier du renseignement de l’armée Chelsea Manning, qui ont mis en évidence des irrégularités commises par les forces américaines en Irak et en Afghanistan. Les documents ont été publiés sur le site WikiLeaks et reproduits par les médias internationaux.

Julian Assange fait face à 17 chefs d’accusation en vertu de la loi sur l’espionnage et un chef d’accusation en vertu de la loi sur la fraude et les abus informatiques, qui, combinés, pourraient le conduire en prison jusqu’à 175 ans. Il est fort probable qu’il soit détenu aux États-Unis dans des conditions d’isolement ou d’isolement cellulaire, malgré les assurances du gouvernement américain, ce qui aggraverait gravement son risque de suicide.

Citoyen australien, Assange restera à la prison à sécurité maximale de Belmarsh à Londres, où il se trouve depuis 2019, en attendant le traitement de la demande d’extradition américaine. La défense du fondateur de Wikileaks dispose désormais de 14 jours pour tenter de faire appel de la décision. La bataille juridique n’est donc pas terminée.

Les entités exhortent le gouvernement australien à garantir l’intégrité de ses citoyens. Et le gouvernement britannique, de revoir la décision sur la base des critères de la liberté de la presse et de ses conséquences pour le journalisme mondial. Enfin, ils exhortent tous les journalistes à soutenir Julian Assange et sa défense sans concession de la pratique professionnelle. Le journalisme et les journalistes ne peuvent pas être criminalisés !

Brasilia, le 17 juin 2022.

  • Fédération Nationale des Journalistes – FENAJ
  • Association brésilienne de la presse – ABI
  • Association Brésilienne de Journalisme d’Investigation – Abraji
  • Forum National pour la Démocratisation de la Communication – FNDC