Pour parler de l’Ukraine. Analogies, mots et choses – Jornal da USP

« Les hommes se distinguent par ce qu’ils montrent et se ressemblent par ce qu’ils cachent » (Paul Valéry, 1871-1945).

LA Cette phrase est suggestive, dans les circonstances actuelles de la guerre en Ukraine, pour réfléchir sur deux protagonistes importants impliqués dans le conflit.

La distinction entre Vladimir Poutine (1952) et Joe Biden (1942) semble évidente. Le premier protagoniste conçoit des politiques autoritaires, valorise les structures sociales hiérarchiques et restreint la participation politique et la liberté des citoyens. Son profil conservateur et autoritaire détermine le maintien des coutumes traditionnelles. La liberté n’est pas une valeur dont chacun peut jouir. Poutine règne en utilisant les informations disponibles uniquement pour son groupe. La persécution de la presse et des médias se produit systématiquement, empêchant la population russe d’avoir accès à des événements et des informations d’origines différentes.

Joe Biden, malgré les difficultés générées par son prédécesseur, Donald Trump, respecte les institutions démocratiques et les préceptes constitutionnels. L’égalité et la liberté sont garanties, tant dans le domaine politique que juridique. Les institutions, publiques et privées, disposent d’une liberté d’action et de mécanismes juridiques pour se protéger contre différents types de déviations. L’accès à l’information est libre et les médias ont l’espace pour exprimer différentes positions.

Biden et Poutine conçoivent, de différentes manières, la relation de l’État avec la société civile. Valéry a raison de suggérer que la distinction a son origine chez les hommes, car ils montrent, dans ce cas, comment ils conçoivent l’État.

« Les hommes se distinguent par ce qu’ils montrent. »

Valéry, poète, choisit le mot ressemblance pour suggérer ce qu’eux, humains, cachent. Il taquine en présentant l’humanité comme une création relativement tordue, mais semblable à Dieu. Il y a des similitudes entre eux et entre les anges et les démons.

Veuillez noter les données ci-dessous. Différentes formes de gouvernement entretiennent de profondes inégalités.

Selon l’économiste Peter Temin (Massachusetts Institute of Technology – MIT), la classe moyenne nord-américaine, au cours des 50 dernières années, « est passée de 62 % du revenu global des États-Unis à seulement 43 %. Les plus riches sont passés de 29 % à 49 % » (Gerardo Lissard, BBC News, 16 mars 2018).

De 1989 à 2018, les 1 % les plus riches ont augmenté leur valeur nette combinée de 21 000 milliards de dollars. Les 50 % les plus pauvres ont vu leur valeur nette diminuer de 900 milliards de dollars au cours de la même période.

Les graphiques sont particulièrement clairs lorsqu’on examine la perte de revenu de la classe moyenne. Il est passé de 62 % des revenus à 43 % aux États-Unis. Le temps passe et les inégalités augmentent. Qu’est-ce que cela signifie?

L’inégalité croissante suggère une tendance moins que vertueuse dans des pays aux structures politiques différentes.

Valéry a raison. Il y a des similitudes.

Une autre convergence est l’existence de groupes extrémistes de droite, suprématistes blancs, conservateurs et critiques des coutumes typiques de l’Occident moderne. Ces groupes sont présents aux États-Unis, dans l’Union européenne et en Russie.

Pourquoi des sociétés aux institutions différentes produisent-elles des groupes extrémistes aux objectifs similaires : racistes, anti-intellectualistes et armés ? Ils sont également caractérisés par le même potentiel incendiaire, par la haine et par une volonté de démolir les institutions démocratiques.

Il y a des similitudes intrinsèques avec la condition humaine elle-même, dans la haine résultant des passions humaines, des vanités et des misères (et dans l’amour aussi). La planète Terre connaît décidément un malaise des cultures. Ces groupes, producteurs de haine, apprécient les similitudes, inspirent et respirent le malaise. En général, les vents viennent des régions avec des taux de chômage élevés, de faibles revenus, peu de protection de l’État et beaucoup de frustration vis-à-vis de la société de consommation. Un détail important : Ils ont peu de vocation pour la vie académique, un manque marqué d’intérêt littéraire-culturel et d’appréciation pour les mots liés au bas du corps. Ils croient fermement à l’entrepreneuriat comme projet de vie, valorisent le «autodidacte» et l’individualisme comme voie garantie vers le succès. Résultat : beaucoup de haine et de frustration et, dans la vraie vie, peu d’emploi et de mobilité sociale.

Le troisième thème, dans la lignée de l’hypothèse de Valéry, sur les similitudes, renvoie à la citation de Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU. Il a affirmé, conformément à la Charte des Nations Unies, que l’invasion de l’Irak était illégale : souveraineté bafouée de la même manière qu’en Ukraine. Il y a des similitudes.

Valéry a raison.

Des similitudes et des différences

Dans le grand inventaire des similitudes et des différences, les différences entre Poutine et Biden sont évidentes. Il suffit d’allumer la télévision, d’ouvrir le journal ou d’accéder à Internet. Les preuves nous permettent de supposer que les crimes commis en Ukraine seront identifiés et tenus pour responsables.

Mais pourquoi la phrase de Valéry est-elle suggestive notamment en ce qui concerne les similitudes ?

Parce qu’il y a des équivalences entre des individus politiquement et culturellement dissemblables. Différents individus et sociétés portent des tensions internes similaires d’un point de vue personnel et politique. Les inadaptations sociales affectent la société russe, la société nord-américaine et la Communauté européenne. Il y a une forte inadaptation sociale et politique dont l’inégalité n’est qu’un chapitre, l’immigration un autre et la faim encore un autre. La crise est mondiale. Elle frappe l’humanité dans ses désirs et ses besoins les plus profonds.

Le monde a mondialisé les communications, organisé les chaînes de production, promu la libre circulation des marchandises, créé la logistique inverse. Mais il a oublié les gens, les immigrés, les dépossédés forcés de se déplacer à cause des guerres, de la faim et des persécutions politiques. Le monde continue son chemin, petit à petit, en perdant son humanité (dans les deux sens, abstrait et concret). La planète est malade, comme elle l’était entre les deux guerres.

Peut-être que les poètes peuvent aider quand les hommes de guerre ne se comprennent pas. Beaucoup de gens fatigués du monde réel sont partis pour l’univers virtuel. Il ne s’agit plus d’exposer ou de prouver un fait, d’obtenir une victoire judiciaire ou de sauver la polis. Le rêve, aujourd’hui, c’est d’être vu. Faire une différence pour un moment, ressentir l’impact d’un mensonge et le goût irrésistible du pouvoir. Pour le trompeur, protagoniste sur les réseaux sociaux, s’il a de la chance, frappe l’enchère, le post, peu importe d’être reconnu comme producteur de mensonges. Tu mens parce que tu connais la vérité. Cela vous satisfait. C’est censé être le mensonge de tout le monde sur le nivellement de l’équité. C’est vrai?

Que faire face aux mensonges entre humains quand cela devient une arme de guerre ?

Résumé de l’opéra : le démanteler, morceau par morceau, pour éviter la destruction de la communauté civique, pour montrer le pouvoir du langage, le pouvoir de vie et de mort, de liberté et de sujétion, de proportion et de disproportion.

Produire un antidote au mensonge. Démontrer comment bouger et bouger dans le langage, couvrir et découvrir les choses. Médecine produite par des poètes, des journalistes et des amoureux des mots.

Et, dans le monde des choses matérielles, n’oubliez pas la planète, la terre et le semeur, passé maître dans l’art de fabriquer une graine de tournesol.